Troubles de l’articulation
Le trouble de l’articulation concerne la forme de la parole et non le fond : il n’est en rien lié au développement langagier (qui fait appel à d’autres réseaux neuronaux spécifiques), mais plutôt en rapport avec le mécanisme neuromusculaire nécessaire à la production du son.
C’est une erreur permanente et systématique dans l’exécution d’un mouvement articulatoire qu’exige la production d’un ou plusieurs phonèmes.
Pour qu’il y ait un trouble isolé de l’articulation, il n’y a nécessairement qu’un son, voire plusieurs qui sont touchés mais il n’y a pas de trouble de parole associé (pas de trouble dans l’enchaînement des phonèmes), le reste du langage étant fonctionnel.
Les origines peuvent être nombreuses :
– Fonctionnelles : un retard dans l’acquisition du mécanisme (mouvements et points d’articulation non maîtrisés) sans problème anatomique.
– Neurologiques : une lésion cérébrale peut empêcher la mobilisation des organes du sujet.
– Sensorimotrices : un trouble de la représentation du geste ou un trouble de l’enchaînement des gestes nécessaires à la production de phonèmes à l’instar d’une dyspraxie.
– Malformations des organes : problèmes d’articulés dentaires, vélum, prognatisme, rétrognatisme.
– Perceptives : un déficit auditif entraîne des difficultés de discrimination des phonèmes et donc peut nuire à leur production.
Dans les deux derniers cas, la rééducation orthophonique ne suffit pas et doit être prise en charge concomitamment par un médecin spécialiste (dentiste, ORL).
Le répertoire phonétique des enfants s’acquiert progressivement tout au long de leur développement, mais il existe une variabilité entre eux. Il est donc important de se renseigner sur les normes développementales de l’articulation avant de s’inquiéter.
Néanmoins, il ne faut pas laisser un trouble de l’articulation s’ancrer après la fourchette haute, car plus un mauvais schéma moteur s’installe, plus l’automatisme sera difficile à désamorcer. De plus, le risque réside dans la répercussion sur le langage écrit (confusions de lettre/de son).
Enfin, un trouble du développement des sons de la parole persistant à l’adolescence peut avoir chez certains individus des répercussions socioprofessionnelles et psychoaffectives.
Pour ces raisons, il est indiqué de consulter un professionnel avant l’âge de 6 ans. Votre orthophoniste pourra juger du bon moment de la prise en charge en fonction de la maturité physiologique et psychologique du patient.
La rééducation d’un trouble articulatoire isolé ne demande qu’un rendez-vous par semaine, mais celle-ci se fait plus que jamais en collaboration avec la famille. En effet, pour qu’elle soit efficace, il est indispensable de reproduire et de pratiquer les exercices à la maison, quotidiennement.
Il s’agira donc de mettre en place le son déficitaire grâce à des aides auditives, visuelles, tactiles et/ou kinesthésiques, en travaillant parallèlement souvent la tonicité musculaire et la déglutition. Par le jeu et des exercices plus contraignants, le son sera travaillé isolément, puis en association avec les autres sons de la langue.